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Le jeu vidéo a t’il perdu sa créativité ?

Que de chemin parcouru depuis la naissance du jeu vidéo dans les années 70 ! Des gros pixels du début à l’ultra réalisme d’aujourd’hui, en passant par la bouillie de polygones du début de l’ère 3D, le jeu vidéo a connu de multiples bouleversements.

Si je ne fais pas clairement pas partie de ceux qui clament que le jeu vidéo, c’était mieux avant (ce qui serait injuste envers les quelques excellents jeux qui sortent aujourd’hui), je ne peux que constater à quel point l’industrie vidéo ludique s’est transformée en machine à fric et à quel point les gros éditeurs, qui sont devenus les « majors » du secteur, se reposent sur leurs acquis en sortant les mêmes blockbusters tous les ans pour engranger un maximum de fric.

La créativité dans le jeu vidéo est-elle menacée ?

 

La grande époque du far west à gros pixels

Je vous propose de retourner aux années 80-90, à l’époque où les consoles 8 / 16 bits étaient à leur apogée, et où les micro ordinateurs conçus par Atari et Commodore ne s’étaient pas encore vus totalement renversés par le PC made in Redmond.

Cette époque avait des faux airs de far west : le marché du jeu vidéo était en pleine expansion, et les créateurs de jeux rivalisaient d’ingéniosité pour satisfaire le public, aussi bien dans les salles d’arcade que dans les foyers. Certains ont créé des mythes, pendant que d’autres ont mis au monde d’infâmes navets qui ont sombré dans l’oubli.

C’est aussi à cette période que de nombreux genres de jeux vidéo incontournables ont été inventés : jeu de plate forme, stratégie, shoot’em up et autres jeux de puzzle, la variété était plus que jamais au rendez-vous !

Contrairement à aujourd’hui, les éditeurs hésitaient moins à prendre des risques. Bien que désireux de gagner de l’argent avec des jeux qui ont fait leurs preuves, ils étaient moins frileux à l’idée de financer des projets originaux, et c’est grâce à cela que certains créatifs ont pu donner libre cour à leur imagination et créer de véritables chefs d’œuvre, dont le gameplay sert toujours de base à de nombreux titres modernes. En effet, tout restait à inventer, et les productions sortant de l’ordinaire étaient légion.

Mais au fil du temps, le jeu vidéo a évolué. Il a su conquérir un public plus large, pour finalement s’imposer comme un loisir incontournable, surclassant les salles obscures en terme de recettes. L’industrie vidéo ludique est donc devenue un mastodonte du divertissement, et ses productions commencent à se normaliser, au point qu’on a parfois l’impression de toujours jouer au même jeu.

 

Le blockbuster en poumon de l’industrie…

Qu’on ne se méprenne pas cependant : n’en déplaise aux plus nostalgiques d’entre nous, le jeu vidéo n’est pas plus mauvais aujourd’hui qu’il y a 20 ans, il a simplement évolué.

De tout temps, cette industrie a produit des chefs d’œuvres et des daubes sans nom. Ce qui s’essouffle à notre époque, c’est avant tout l’innovation. En ce sens, le secteur vidéo ludique se rapproche de plus en plus du septième art.

Au cinéma, les Universal et autres 20th Century Fox n’en finissent plus de nous sortir des Transformer 3, des Mission Impossible 4 ou encore des Die Hard 5. En bon public, nous allons tous voir ces films, et on passe plutôt un bon moment : les effets spéciaux sont de bonne qualité et nous permettent de nous immerger toujours un peu plus au cœur de l’action. Mais passé quelques mois, que retenez-vous vraiment de ces films ? Rien, sauf le fait que vous irez certainement voir l’épisode suivant qui sort bientôt.

Dans le jeu vidéo, c’est plus ou moins la même chose. Ces messieurs de chez Activision, Ubi Soft ou Take Two ne se lassent jamais de nous resservir tous les ans un nouveau Call of Duty, un énième Assassin’s Creed ou un ultime Grand Theft Auto. Ils se contentent souvent du strict minimum, c’est à dire améliorer les graphismes et l’immersion sans à peine toucher au gameplay. Mieux, ils se payent parfois le luxe de livrer des jeux incomplets pour nous vendre des DLC hors de prix ensuite. Et ça recommence tous les ans.

Ne soyons pas mauvaise langue, il arrive encore que certains grands noms du milieu produisent de bons jeux qui sortent un peu de l’ordinaire, mais j’ai l’impression que c’est de plus en plus rare.

L’exemple récent qui m’a le plus frappé est le jeu L.A. Noire, édité par Rockstar. Les fans de la série GTA se sont tout de suite imaginés qu’il allait s’agir d’une sorte d’épisode à part prenant place dans les années 50. Quelle ne fut pas leur désillusion lorsqu’ils ont réalisé que le jeu n’avais pas l’esprit « bac à sable » de Grand Theft Auto, qu’il ne comportait que très peu de scènes d’action et pire, que tout le gameplay tournait autour de recherches d’indices et d’interrogatoires !

Bouuuuhhh ! Caca boudin ! Sûr que le fan de jeu d’action a été déçu, et on le comprend ! Mais en ce qui me concerne, je ne peux que féliciter Rockstar d’avoir eu le cran de tester autre chose, et d’avoir voulu promouvoir un jeu dont le gameplay sortait des sentiers battus (même si l’histoire s’est mal terminée pour les développeurs).

En dépit d’un rythme parfois lent, j’ai trouvé qu’L.A. Noire avait une super ambiance, et que son gameplay original était maîtrisé de bout en bout. Une superproduction comme j’aimerais en voir plus souvent.

L’innovation dans le jeu vidéo n’est cependant pas éteinte, loin de là : elle est même particulièrement présente dans l’univers du jeu indépendant.

 

…et le jeu indépendant en sauveur de la créativité ?

Grâce à Internet et à des services comme le Xbox Live, le PSN ou Steam (sur PC), il est plus que jamais possible pour de petits développeurs de jeux de se faire connaître et de présenter leurs titres, au sein de l’univers indie game, qui fait de plus en plus parler de lui.

Comment ne pas crier au génie en jouant à des jeux comme World of Goo, Limbo, Blocks that Matter ou même Minecraft ?
Ces œuvres, bien conçues et originales, ont tout à fait leur place parmi les meilleures productions vidéo ludiques modernes. Pourquoi ? Parce qu’on sent qu’elles ont été conçues par des gens qui aiment véritablement le jeu vidéo, et qui désirent apporter quelque chose de nouveau à cette industrie qui se normalise et oublie parfois que la créativité est à la base de tout art.

Comme au cinéma, lorsque vous allez voir un petit film à priori sans prétention (parce qu’Avatar 4 est complet), et que vous réalisez que vous venez de regarder un très beau film dont vous vous rappellerez longtemps.

 

Soutenez l’innovation !

Pour terminer, je voudrais donc pousser un petit coup de gueule contre le consommateur moyen, qui achète son COD à 60€ tous les ans et qui pirate World of Goo parce que 15€, c’est bien trop cher pour un « petit jeu ». Clap clap clap, bravo messieurs ! Tout ce que vous faites c’est tuer la création !

Si vous ne considérez pas le jeu vidéo comme un art, que vous n’aimez que le frag, les jeux pop corn ou le casual gaming, libre à vous, tous les goûts sont dans la nature, mais ayez au moins la décence de payer lorsque vous appréciez un jeu conçu par trois types dans leur chambre d’étudiant qui font l’effort de faire quelque chose de bien et de différent !

Je vous invite tous à aller faire un tour sur le marché indie game de votre machine préférée. Vous verrez, il y a beaucoup de petits chefs d’œuvre très bien fichus, et contrairement à ce que certains pensent, ce ne sont pas du tout des titres inaccessibles et sans intérêt destinés à une petite élite composée exclusivement d’intellos frustrés !

J’implore aussi les gros éditeurs, qui ont les moyens de faire des choses sensationnelles, de sortir des sentiers battus et de se lancer un peu plus souvent dans de vrais projets originaux. Le jeu vidéo est un art, ne l’oubliez pas ! :)

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