Consoles de Jeux

Doit-on enterrer les consoles portables ?

En 1989, Nintendo révolutionna le jeu vidéo en commercialisant la Game Boy, une console portable 8 bits qui permettait pour la première fois de s’adonner partout à des jeux vidéo d’une qualité comparable à ceux des consoles de salon (la couleur en moins). Le succès a très vite été au rendez-vous, et les différentes déclinaisons de cette machine ont été des best sellers : tout le monde avait une Game Boy pour jouer dans le train ou dans la cours de récré.

Au début du siècle, la célèbre entreprise nippone faisait évoluer son concept avec la Nintendo DS, une console portable dotée de deux écrans dont l’un tactile, permettant une jouabilité totalement inédite. Le triomphe fut encore plus grand, car Nintendo réussi à capter une nouvelle clientèle : les gens qui ne sont pas coutumiers des jeux vidéo. Cette machine fut concurrencée par la PSP (PlayStation Portable), une console proposée par Sony et destinée aux « vrais » joueurs. Sans être un échec, la PSP ne remporta qu’un petit succès d’estime auprès des gamers.

Aujourd’hui, les deux japonais s’affrontent de nouveau sur le terrain du jeu mobile avec deux nouvelles machines : la Nintendo 3DS et son affichage 3D sans lunettes, face à la PlayStation Vita et son rendu graphique époustouflant. Le problème, c’est que de l’eau a coulé sous les ponts, et que les smartphones, proposant des jeux d’excellente qualité, ont envahi notre vie numérique.

Faut-il alors prédire la mort prochaine des consoles portables ? Je vous livre ici mon point de vue sur la question.

 

Steve Jobs m’a tuer

La sortie de l’iPhone en 2007 a porté la qualité des jeux sur téléphone à un niveau pouvant rivaliser avec ceux des consoles portables, et la montée en puissance d’Android dans les mois qui suivirent contribua à mettre un smartphone dans toutes les poches. Résultat des courses : tout le monde a un téléphone pour jouer, et l’intérêt porté aux consoles portables semble être en déclin. Pourquoi se trimballer avec deux machines, qu’il va falloir recharger, alors qu’une seule peut faire l’affaire ?

Il suffit de jeter un œil aux lancements de la 3DS et de la Vita pour se rendre compte du malaise. La première a fait un si mauvais démarrage que Nintendo dû pour la première fois baisser son prix de manière importante dans les premiers mois de commercialisation. La seconde, plus récente, s’en est encore plus mal tirée : ses ventes hebdomadaires sont en dessous de celles de la PSP sur l’archipel nippon, du jamais vu !

La 3DS, cependant, semble être en train de remonter la pente. La sortie tardive de nouveaux jeux et la baisse de prix ont en effet contribué à accroitre le nombre de ventes, et on peut désormais être confiant quant à son succès. S’il est encore trop tôt pour prédire le sort de la PS Vita, son avenir me semble nettement plus sombre.

Pourquoi ? Tout simplement parce que la console de Sony, en dépit de sa grande qualité, vient se placer en concurrent direct des téléphones intelligents, alors que la Nintendo 3DS vise également un autre marché qui n’a pas accès à ces gadgets et qui a une soif de jeu insatiable : les enfants !

 

Les jouets auront toujours la cote

Nintendo a toujours fait du jeu familial son fond de commerce. Déjà à l’époque des consoles 8bits, la firme nippone proposait des titres comme Super Mario et autres Zelda, pendant que des jeux réputés violents s’affichaient en salles d’arcade. Même si ces dernières proposaient aussi nombre de jeux tout à fait adaptés à un jeune public, la mauvaise réputation du lieu ne rassurait pas les parents, qui trouvaient alors la NES tout à fait adaptée à leurs chères têtes blondes : des petits jeux mignons et rigolos pouvant être pratiqués à la maison.

Depuis lors, Nintendo véhicule une image rassurante pour les parents. Quand on achète un jeu Mario, on sait d’une part qu’on sera rarement déçu et d’autre part qu’il sera adapté aux enfants. Les consoles portables Nintendo semblent donc relativement à l’abri de l’échec : désormais moins onéreuse que la Wii, la 3DS fait figure de cadeau de noël idéal (si on est très sage ^^), permettant aux enfants de jouer sans pour autant squatter l’ordinateur ou la TV du salon. Si l’on ajoute à cela le public « casual gamers » que Big N a su conquérir avec sa précédente console, on comprend nettement mieux la raison du mauvais départ de la machine : trop chère, pas de jeux, sortie au mauvais moment…

 

Sony c’est plus fort que toi

La stratégie de Sony est de positionner sa PS Vita sur un marché plus ou moins délaissé par Nintendo : les gamers. Vous voulez autre chose que des jeux de gamin pas très beaux avec une 3D gadget ? Achetez la Vita ! Tel pourrait être le slogan de la machine. Ça ne vous rappelle rien ? Il s’agit en effet d’une stratégie similaire à celle de Sega dans les années 90, qui voulait donner à sa Megadrive une image rebelle et adulte pour s’opposer à Nintendo.

Sony évite donc soigneusement les enfants (la Vita est trop fragile et trop chère), les casual gamers (plein de boutons partout, de la haute technologie, du vrai jeu) pour se concentrer sur un public de passionnés. Le cœur de cible est donc une tranche d’âge située entre 15 et 25 ans.

Dix ans plus tôt, cette stratégie aurait pu très bien fonctionner, mais aujourd’hui, il se trouve que cette tranche d’âge est précisément celle des accros au téléphone portable. Du coup, l’adolescent moyen préférera acheter Street Fighter ou Final Fantasy 8€ sur l’AppStore, quitte à perdre en jouabilité, plutôt que de dépenser 50€ pour le même jeu en emportant une deuxième machine avec lui. Et c’est bien là tout le problème : pas de clients, pas de succès, et pas de succès… pas de succès !!

 

L’hybride smartphone / console : le salut pour Sony ?

Si Nintendo peut vivre grâce aux enfants et aux joueurs du dimanche, Sony doit en revanche reconquérir une clientèle qui ne jure désormais que par les smartphones. Un hybride ferait-il donc figure de machine idéale ?

Il se trouve que l’entreprise s’est déjà aventurée sur ce terrain avec l’Xperia Play, un smartphone qui intégrait une véritable manette de jeu. Celui-ci n’a toutefois pas rencontré le succès escompté, et ce pour plusieurs raisons : design épais, optimisation douteuse, contenu maigrichon, publicité insuffisante et relative impopularité de Sony Ericsson dans le milieu mobile comparé à Samsung ou Apple.

Pourtant, il me semble qu’il s’agit là de la voie à creuser. Si Sony avait sorti un smartphone aux lignes proches de celles de la Vita, avec une bonne puissance de feu et surtout un contenu conséquent (avec pourquoi pas un support de jeux matérialisés), ils auraient certainement pu remporter un certain succès. Maintenant que Sony possède à 100% sa division mobile, tous les espoirs sont permis, d’autant que quelques concepts plutôt alléchant d’Xperia Play 2 se sont déjà répandus sur le net…

 

En résumé

D’un côté, il y a le jeune public, qui ne possède pas de smartphone, et à qui l’on interdit d’utiliser l’ordinateur ou la TV familiale. La Nintendo 3DS s’adresse directement à eux, en leur offrant une console solide et des jeux de qualité, mais aussi aux casual gamers, désormais accros aux jeux de logique et autres entrainements cérébraux. On pourrait donc presque ranger la console de Nintendo au rang des (super) jouets, capables de contenter petits et grands. Et des jouets, il en faudra toujours !

De l’autre côté, on a la cible gamer, visée par Sony. Cette dernière a été conquise par l’iPhone et ses émanations, et n’a pas envie de s’encombrer avec plusieurs machines. Pourtant, la demande en jeux existe. Sony a senti que l’hybride était un concept intéressant, mais n’est pas allé assez loin, pour ne pas trop faire concurrence à sa future console. Je pense qu’ils ont eu tort et qu’il fallait tout miser là dessus.

La console portable n’est peut être pas au meilleur de sa forme, mais n’est pas morte pour autant ! Il faut juste qu’elle sache toucher son public en opérant les transformations nécessaires !

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