Lifestyle

Interopérabilité et respect des standards : pensez-y !

La technologie évolue à une vitesse hallucinante. Cette évolution est le fruit de l’effort ininterrompu de plusieurs multinationales telles qu’Apple, Samsung, Sony et consorts, dont le budget en recherche et développement se chiffre en millions de dollars.

Et tout cela pour notre plus grand plaisir : le moins que l’on puisse dire, c’est que ce début de 21ème siècle aura gâté les technophiles. Cependant, ces entreprises qui innovent ne sont pas ennemies de leurs intérêts et ont recourt à toutes sortes de pratiques pour vous garder dans leur clientèle. Parmi elles figurent le non-respect des standards et des normes, via l’imposition de formats et connectiques propriétaires.

L’interopérabilité est selon moi l’un des premiers critères à considérer avant un achat, et je vous propose donc ma réflexion sur le sujet.

 

Les standards, c’est quoi ?



Un standard, c’est tout simplement une technologie (matérielle ou logicielle) qui est utilisée par la grande majorité des constructeurs high-tech ou d’éditeurs de logiciels.
Vous en manipulez tous les jours : les clés USB formatées en FAT, les images en JPG, les documents au format Word ou la musique encodée en MP3 en font partie.

Ces exemples montrent d’ailleurs que certains d’entre eux ne sont pas forcément libres de droit et créés par des pirates barbus philanthropes au fond d’une cave. Même propriétaire, un standard peut être considéré comme tel du moment que l’on peut en tirer profit sur tout type d’appareils et de logiciels.

Il faut aussi noter que des technologies peuvent être considérées comme standard dans certains domaines et pas dans d’autres. Prenons par exemple le format audio OGG Vorbis, pendant libre du MP3. Pour les développeurs de logiciels, c’est un standard : son implémentation est libre et gratuite, et il est de fait utilisé dans de nombreuses applications dont les jeux vidéo. Pour le consommateur en revanche, on ne peut pas tout à fait le définir comme tel ; il est bien plus difficile de trouver un appareil capable de lire des fichiers OGG qu’un équivalent supportant le MP3.

Les standards qui nous intéressent ici sont ceux qui concernent directement le consommateur.

 

Les standards sont-ils vraiment indispensables ?

Pour bien vous faire mesurer leur importance, projetons-nous dans un monde où il n’existerait aucune norme et où chaque constructeur aurait sa propre définition de la technologie.

Vous revenez de la Fnac avec un appareil photo réflex flambant neuf. Après avoir réalisé quelques clichés, vous décidez de transférer le tout sur votre ordinateur. Manque de chance, la prise de connexion est propriétaire, et vous ne pouvez pas le raccorder à votre poste de travail sans acheter un adaptateur. Soit. Vous achetez donc l’objet, puis vous transférez vos magnifiques photos sur votre bécane. Impossible cependant de les regarder sans avoir installé le logiciel adéquat, heureusement fourni avec l’appareil.

Très satisfait de vos prises de vues et admirateur de votre talent artistique, vous décidez d’en envoyer quelques unes à votre meilleur ami. Celui-ci utilise un ordinateur d’une autre marque qui ne fonctionne pas sur le même système d’exploitation. Il vous répond alors qu’il lui est impossible d’ouvrir les images, et que le logiciel adapté n’est d’ailleurs pas disponible sur son ordinateur.

Par chance, votre logiciel implémente une fonctionnalité permettant de convertir les images au format propriétaire de l’ordinateur de votre ami. Vous lui réexpédiez le tout, et celui-ci est alors subjugué par la qualité de vos clichés. Tant et si bien qu’il décide de les assembler sous forme de vidéo, puis de transférer cette dernière sur son smartphone afin de présenter le tout à d’autres amis. Malheureusement, les fichiers créés par son programme de montage vidéo ne sont pas compatibles avec l’appareil, et il va encore lui falloir convertir la vidéo avant de pouvoir s’en servir comme il l’entend.

Voilà à quoi votre vie numérique ressemblerait si l’USB, le JPG et le DivX n’existaient pas. Ça donne envie non ?

 

Le piège du standard constructeur

Cette vision presque apocalyptique des choses est fort heureusement éloignée de la réalité. Les constructeurs, dans une volonté de proposer des produits toujours plus simples, font en sorte que tout soit transparent pour l’utilisateur. Parmi eux, certains ont eu une brillante idée qui allait permettre de conserver leur clientèle sans pour autant sacrifier la facilité d’utilisation des produits : le standard constructeur.

Concrètement, il diffère du standard traditionnel par le fait qu’il fait office de norme pour les seuls produits de la marque qui l’a conçu. On retrouve ce type de pratiques dans de nombreux produits de consommation, et pas seulement dans la technologie.

Ainsi, tout va bien dans le meilleur des mondes du moment que le consommateur n’achète que les produits de la marque en question. Le jour où il voudra changer par contre, il est bien possible qu’il perde beaucoup d’argent…

Il arrive même que cela aille plus loin, notamment à cause de l’utilisation de DRM pour protéger certains contenus. C’est particulièrement vrai pour la vidéo à la demande : non seulement vous obtenez une vidéo dans un format nécessitant un ré encodage pour fonctionner sur d’autres appareils, mais en plus vous n’aurez même pas la possibilité de réaliser cette opération fastidieuse, car le fichier est complètement verrouillé. En gros, si vous achetez des films en VOD compatible avec les produits d’une marque et que vous décidez de passer à la concurrence, vous perdez tout.

 

Privilégier la réflexion au boycott

Parmi ces problématiques, vous aurez certainement reconnu que certaines correspondent tout à fait à l’utilisation de produits et services de la célèbre coopérative fruitière. Je cite Apple car il s’agit de l’un des exemples les plus frappants du fait de la popularité de ses produits, mais d’autres sociétés appliquent exactement la même stratégie.

Faut-il pour boycotter les marques qui veulent vous prendre dans les mailles de leur filet ? Certainement pas, mais il faut simplement prendre le temps de réfléchir et de mesurer les conséquences avant d’acheter, plutôt que de se lancer tête baissée à chaque fois qu’une nouvelle mode apparaît.

Si nous reprenons l’exemple Apple, on constate que tous les produits ne sont pas logés à la même enseigne. Les iPods savent lire de la musique au format MP3 quelque soit sa provenance, les morceaux achetés sur iTunes ne sont pas verrouillés et peuvent facilement être gravés et utilisés sur des appareils concurrents, et les ordinateurs Mac ne sont pas plus fermés que leurs équivalents Microsoft : on peut y installer n’importe quel système d’exploitation et logiciels, qui ne proviennent pas forcément d’une boutique approuvée par la firme de Cupertino.

Le modèle le plus critiquable est pour moi celui de l’iPhone et de l’iPad.
Ces deux produits sont d’excellente qualité, et la marque confirme régulièrement son avance en matière de design et d’expérience utilisateur. Le problème est qu’ils sont régis par un bafouement total des standards : le connecteur est propriétaire, la norme de diffusion sans fil AirPlay l’est également (alors qu’un standard nommé DLNA existe pour cela !), les applications sous toutes soumises à l’approbation et à la censure de l’entreprise, les vidéos doivent être encodées dans un format soutenu par la firme, et il est impossible de personnaliser / modifier / remplacer le système au delà de ce qu’à prévu Apple.

Cette politique est due à une volonté de Steve Jobs d’imposer sa vision et d’empêcher l’utilisateur de faire ce qu’il veut avec sa machine, ce qui a notamment été un point de désaccord avec Steve Wosniak, cofondateur de l’entreprise et inventeur de génie qui prônait au contraire la liberté et l’interopérabilité. Apple knows best.

Avant d’acheter des produits conçus pour fonctionner ensemble et d’investir dans une tonne de contenu inutilisable ailleurs, prenez le temps de réfléchir à l’utilisation que vous en aurez et aux conséquences qu’aura votre investissement le jour où vous voudrez changer de marque fétiche.

Les fanboys Apple doivent d’ailleurs réaliser une chose : Steve Jobs est mort. L’homme qui a poussé ses ingénieurs à se surpasser pour créer des innovations majeures, le visionnaire de génie qui a su concevoir des interfaces simples d’utilisation que la concurrence s’acharne encore à copier n’est plus. Son entreprise lui survivra quelques années, mais elle finira surement par s’essouffler et deviendra alors incapable d’innover, à l’image de beaucoup d’autres. Ce jour là, que ferez-vous ?

 

L’interopérabilité ne doit pas être mise de côté

L’interopérabilité, la création et le respect d’un certain nombre de standards sont pour moi indispensables à la vie numérique du consommateur. C’est en effet la seule façon de garantir sa liberté de changement.

Avant d’acheter un produit high-tech, posez-vous donc les bonnes questions, et ne privilégiez pas forcément certains produits parce qu’ils sont à la mode ou parce qu’ils sont moins chers : projetez-vous dans le futur, et évaluez l’impact que pourrait avoir votre achat si la société qui édite le produit venait à disparaître. Le choix ne sera pas le même pour tout le monde, mais dans la majorité des cas, vous serez toujours gagnant lorsque vous respectez les standards !

4 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page